Cette année, j'ai à ma charge en ECJS trois classes de terminales S qui n'ont plus d'histoire géographie : je ne les vois que par demi groupes, une fois toutes les deux semaines, sans réaliser d'évaluation sommative. En d'autres termes, il convient de trouver une activité susceptible de motiver les élèves pour lesquels la matière ne comporte pas beaucoup d'enjeux.
Le programme laisse la possibilité de traiter deux thèmes parmi les quatre proposés (argent et société, violence et société, pluralisme des croyances et des cultures dans une république laïque et la bioéthique). Ayant des classes de scientifiques, le premier thème abordé dans l'année s'est imposé de lui-même : la bioéthique.
De même, la démarche retenue est conforme à celle prescrite dans les programmes : un débat semble particulièrement adapté sur des questions récurrentes dans l'actualité mais jamais tranchées.
Restait à définir la façon d'organiser le débat, sans oublier que ce travail doit permettre aux élèves d'aborder des notions clés de philosophie : l'éthique, la morale, la coutume / l'usage, la loi. Un débat de qualité exige, en effet, que les élèves maîtrisent correctement leurs sujets
M'inspirant du travail d'une collègue documentaliste sur les outils de curation, j'ai donc bâti une progression en plusieurs étapes :
2h : définition de bioéthique, délimitation des thèmes qu'elle recouvre et choix des sujets par groupe
2h : élaboration d'un outil de curation à partir du site scoop it
1h : recherche d'articles au CDI
1h/2h : réalisation d'une carte mentale sur le sujet choisi à partir des articles et des sites retenus
1h : répartition des rôles pour le débat. Création d'un personnage pour le débat
2h : recherche des contre-arguments et des arguments pour le débat
1 h : réalisation du débat
1ère étape (2h) :
Très peu d'élèves savent déjà de quoi il retourne lorsqu'il est question de bioéthique.
Le premier travail vise donc à définir ce terme de façon simple et ludique. J'ai crée un jog, recensant des sites représentatifs des différents acteurs des débats.
Pendant une heure, les élèves se rendent sur ce site et doivent compléter une fiche contenant trois exercices :
1. Rechercher les auteurs des sites => Il s'agit de souligner auprès des élèves la nécessité d'identifier les auteurs et la nature des sites sur un sujet tel que la bioéthique. Il n'est pas inutile de leur rappeler la manière de chercher l'auteur d'un site (ou de trouver des moyens de connaître les partis-pris d'un site lorsque l'auteur est inconnu)
2. Dans un deuxième temps, ils doivent choisir les sites les plus fiables (ils ont le réflexe d'aller voir les sites institutionnels) et chercher une définition de bioéthique qu'ils comprennent
3. Enfin, ils doivent retourner sur tous les sites qui leur sont proposés afin de rechercher tous les thèmes que recouvre
la bioéthique.
Voici la fiche que les élèves ont dû compléter (le questionnaire est aussi disponible sur le jog)
Cette première heure s'est bien passée avec les six groupes : les plus curieux commencent à se poser des questions sur les différents sujets de la bioéthique ; tout le monde a noté une définition compréhensible et fiable : les moins curieux se prennent au jeu de rechercher qui se cache derrière chaque site.
Dans une seconde heure, ce travail est corrigé. Dans les définitions trouvées par les élèves, il est question soit d'éthique, soit de morale, soit des deux. Il est alors intéressant de les questionner sur la différence qu'ils font entre ces deux notions. N'étant pas professeur de philosophie, je me suis tournée vers les collègues qui m'ont alors orientée vers un texte d'André Comte de Sponville simple d'accès sur le sujet. Je me suis donc appuyé sur cet auteur pour distinguer les idées de morale et d'éthique.
Une fois que ce fut fait, les différents thèmes englobés par la bioéthique ont été notés au tableau. Les élèves devaient ensuite choisir un de ces thèmes par groupes de 5/6 élèves et commencer à noter sur un papier toutes les idées qui leur passaient par la tête.
Cette dernière partie, concernant la réflexion sur le sujet doit être plus guidée pour être fructueuse : les élèves ont eu tendance à commencer à échanger leurs idées de façon assez anarchique
2ème étape : la recherche d'informations (4h)
Chaque élève doit réaliser une carte mentale / heuristique sur le sujet qu'il a choisi. L'objectif est de recenser un maximum d'informations, de le résumer sur un support et d'explorer les différents aspects du sujet.
En effet, chaque branche de la carte mentale correspond à un aspect du sujet :
- l'aspect juridique
- l'aspect historique
- l'aspect religieux
- l'aspect économique / financier
- l'aspect philosophique / sociologique
- l'aspect scientifique
Pendant deux heures, les élèves créent un compte sur scoop it et y recensent tous les sites qu'ils trouvent intéressants sur le sujet. L'intérêt de ce site (par rapport à un autre site qu'il m'arrive d'utiliser avec les élèves : pearltrees) est de permettre aux élèves de résumer le contenu des sites et d'en noter l'auteur ou la nature...
Pour en voir un exemple, cliquez ici ou ici
Pendant une heure, les groupes sont amenés au CDI : chaque personne doit trouver un article sur le sujet et en réaliser une fiche de lecture. Les élèves sont incités à explorer un aspect du sujet qu'ils n'auraient pas trouvé sur internet
La dernière heure est consacrée à la réalisation de la carte mentale.
Retour : les pages scoop it ont été plus ou moins approfondies. Certains élèves se sont bien approprié l'objet alors que d'autres ont du mal à interrompre leur zapping et à recenser leurs sites sur une bibliothèque virtuelle telle que scoop it (ils trouvent cela fastidieux et n'y voient pas l'intérêt mais perdent beaucoup de temps ensuite à retrouver le site qui les avait intéressés).
Par ailleurs, certains élèves ont de la difficulté, malgré la première activité réalisée en guise d'introduction, à se rendre sur des sites fiables, offrant une réflexion intéressante. Beaucoup consultent des forums, des faits divers. Ils comprennent cependant progressivement que ces articles ne sont pas très intéressants pour la compréhension de leur sujet et se tournent alors vers des articles plus conceptuels (le fait de réaliser la carte mentale au fur et à mesure, dès la deuxième séance, les aide à aller dans ce sens).
La carte mentale a été bien complétée par tous les groupes : certains groupes se sont partagés le travail (chacun une branche) alors que d'autres ont préféré réaliser le travail de façon individuelle. La carte mentale permet cette flexibilité. Par contre, elle impose une certaine restriction des expressions et des phrases ce qui n'est pas toujours simple sur des sujets complexes.
A l'heure où j'écris ces lignes, chaque élève a à sa disposition une carte mentale lui donnant un aperçu des différents aspects de son sujet et s'apprête donc à préparer son argumentaire en fonction de la position que j'attribuerai à chacun...